Fin 1981, un jeune de retour au pays, commence à bosser en tant qu’enseignant (« maître auxiliaire », actuellement on dirait « contractuel »), recherchait une activité qui lui plaise. Certes, les week-end il y a les copains, la fête, la plage… mais un manque se fait sentir.

Un jour, tandis que son cousin lui parle de deltaplane, car passionné par cette activité, notre jeune peu téméraire  pensait que ce « sport » doit faire peur… ou qu’il en aura peur. Quelques semaines plus tard, un stage de formation est organisé. Il s’inscrit « pour essayer ». A cette époque, pour devenir pilote il fallait justifier de sa participation à 3 stages distincts : initiation, perfectionnement, et grands vols.

Janvier 1982. Le premier jour du stage d’initiation, se déroulait sur le terrain de foot de La Redoute au tout début des rampes de la montagne.  On y apprenait toute la nomenclature liée à l’»AILE », ainsi que le montage de celle-ci  et du harnais. Puis, avec une bonne brise de face, quelques courses ont lieu sur le plat, on y fait de petits sauts pris en charge par l’aile, mais de courte durée. Bizarrement, ces quelques heures de découverte lui laissent, un souvenir fort, qui l’incite à en découvrir un peu plus…                                                                                                                                        

 La suite de ce premier stage était organisée à trois bassins sur une petite butte dans la savane proche de l’actuelle piste ULM (paramoteur) au-dessus des quelques maisons présentes à l’époque. Tous les participants ont du aider au dépierrage de cette surface, c’était beaucoup d’improvisation, mais personne ne rechignait !! En soulevant une pierre notre jeune découvre un scorpion, c’est la première fois qu’il en voyait un « en vrai », il ne savait pas que cet animal existait à la Réunion ! Sur cette petite butte, on y fait des petits vols courts, mais c’est bien du VOL sur quelques mètres !

Le stage de perfectionnement lui se passait à Bourg Murat sur un terrain privé, où se trouve un piton d’une vingtaine de mètres, sur un immense terrain plat et recouvert d’herbes bien vertes…. Le hic c’est qu’il pleut souvent là-haut… en fait la quasi totalité de ce stage d’une semaine se fera sous la bruine. Il y avait environ une quinzaine de participants, ça laissait un peu de temps pour s’abriter quand on ne galopait pas ! Nous étions logés à L’ APECA , l’ancien site de redressement des jeunes délinquants…. On était loin du grand luxe, mais seul le repos bien mérité du soir comptait.

A cette époque, chaque « erreur » de pilotage ( « montant de trapèze  tordu, » ou autre « piqué au sol du nez de l’aile ») et chaque « exploit » (décollage du sommet de la pente-école) … se soldaient  le jour, ou la semaine suivante, par une bouteille de champagne ! Hips ! On ne les ouvrait pas toutes le même soir….                                                                                                                                                       

Bien évidemment, on subissait tous ce traitement avec le sourire !  Malgré ce climat humide de la plaine des cafres, on aura passé des moments super chaleureux, tous se motivant et s’entraidant pour la réussite de chacun.                                                                                                                                 

Les craintes d’une « activité effrayante » sont bien loin et ne se sont, réellement, jamais faites ressentir. La passion, elle, depuis le 1er jour est bien née et ne cesse de prendre de l’ampleur.

Un jour, après une séance de pente-école, le moniteur vint me voir (le fameux jeune homme) et me proposa de faire mon premier « grand vol ». Je n’étais pas vraiment pressé d’y aller, car avec les copains sur la pente-école, on y prenait déjà beaucoup de plaisir et partir en grand vol c’était passer à une autre étape. Bien sûr au fond de moi, j’avais envie d’y aller, et me sentait super prêt. A cette époque, le premier « grand vol » était effectué au piton des songes, à la plaine des palmistes, un piton de 180 m de dénivelé situé à l’entrée du village. Pour info, il n’y a plus de décollage sur ce piton, le tremplin est maintenant remplacé par une grande croix… En fait ces premiers vols de 2 minutes ne me laissaient pas énormément de souvenirs, car l’ambiance était moins rigolote. J’étais tellement prêt que je les avais vécus dans ma tête, bien avant de les avoir faits, certes la durée était un peu plus longue que sur la pente-école, mais rien de transcendant, juste un nouveau point de départ, on peut dire « une nouvelle étape » dans la pratique du vol.

En trois mois, j’ai fait une quinzaine de vols sur ce site et le « piton rond », c’était un peu le passage obligé de la formation. Sur le coup ça faisait pas mal de déplacement pour à chaque fois 1 vol ou 2, rarement plus.                                                                                                                                                

   Aussi fin mai, ce fut un nouveau départ sur le piton « la boue » au dessus du plate à St-Leu, on décollait du sommet pour un dénivelé de 1000m et on se posait sur la plage du cimetière sortie sud de St-Leu avec 15 min de vol minimum, parfois plus selon les thermiques et confluences… on alternait le piton la boue, le 1400m dans les hauts de la chaloupe st-Leu, la montagne à St-Denis avec atterrissage sur le stade de la redoute, c’était une belle époque pour le delta, nous étions environ 70 licenciés  à l’ASVLR.

En descendant du piton la boue, un jour d’été, le plafond étant trop bas pour nous permettre de voler, quelques copains passant devant le 800m, les cannes étant coupées, ils montèrent les ailes et firent un beau vol…. On avait trouvé un nouveau site plus court d’accès que le piton la boue, L’ASVLR a rapidement recherché le propriétaire de ce terrain, il s’agissait de Mlle DECHATEAUVIEUX.  Nous avions rapidement acheté la partie que nous utilisions. Évidemment avec le flux d’utilisateurs qui augmentait, le décollage fut agrandi et aménagé au fil des années, ce lieu est encore empreint de souvenirs dont s’en souviennent tous les pilotes qui ont vécu ces débuts.

Aujourd’hui, nous sommes en 2022, J’ai du mal à croire que ça fait déjà 40 ans que je vis autour et au travers, de ces activités, en écrivant cette petite histoire, nombreux sont les souvenirs qui reviennent dans ma mémoire et me procurent de larges sourires.

Le vol libre est une activité qui m’aura, et me fait toujours vivre des sensations très fortes :  de la sensibilisation à la  météo,  l’observation et le jeu avec les nuages, la proximité avec les oiseaux en vol, le partage de vols avec les copains… la liste est longue et s’écrit au fur et à mesure…

Après quelques années d’apprentissage, je me suis mis à la compétition, un peu poussé, par mon moniteur, à commencer par le championnat de France, après négociations avec la fédération nous avions obtenu quelques places pour y participer. C’était une occasion rêvée pour moi. Nous avions fini loin au classement de ce premier Championnat. Il fallait bien faire connaissance ces « vents de vallée » et pleins d’autres choses, lues dans les livres, mais qui n’avaient pas été vécus auparavant…

Avec l’aide de bons pilotes français invités sur l’ile, nous apprenions le « cross country », et comment voler mieux, plus vite, plus loin… Que de chemins parcourus depuis cette époque, de nombreux sites découverts, un peu partout sur la planète, des décollages en remorqué derrière ULM en plaine, que d’aventures vécues !!!!!

Un immense merci, au vol libre, pour m’avoir fait vivre ces moments, et me procuré toujours autant de plaisir à me mettre en l’air.   Bons vols à tous !

Ticoq.

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